Ysé Auque-Pallez est doctorante en science politique à LAM. Elle réalise une thèse, sous la direction de Jean-Noël Ferrié, sur les mobilisations panafricanistes actuelles au Maroc. Son approche est pour autant également historique, en ce qu’il s’agit de les inscrire dans l’histoire longue du panafricanisme, ce mouvement socio-politique d’unification et de libération des Africains, sur le continent comme dans la diaspora.
Diplômée d’un master en relations internationales de Sciences Po Paris, Ysé Auque-Pallez a soutenu, en mai 2021 et sous la direction de Richard Banégas (CERI, Sciences Po Paris), un mémoire de recherche en science politique sur les mobilisations panafricanistes contemporaines en France. Ce travail, publié par la Chaire Diasporas Africaines, étudiait la socialisation idéologique de certains collectifs militants, marqués par l’afrocentrisme et le nationalisme noir. Il avait aussi pour objet de rapporter ces mobilisations à l’histoire des mouvements noirs qui se structurent depuis au moins les années 1920 dans l’Atlantique noir. Enfin, il choisissait de saisir les différents débats qui traversent ces mouvements à partir de l’une de leurs thématiques d’action, à savoir la restitution du patrimoine africain.
Ysé Auque-Pallez a ensuite eu l’opportunité de travailler pour le Centre Afrique subsaharienne de l’Institut français des relations internationales (Ifri) où elle y a approfondi ses recherches sur les mobilisations pour la restitution du patrimoine africain. Elle a également mené une enquête, à partir d’entretiens et d’archives publiques et privées, sur le soutien du Maroc aux indépendances africaines et au panafricanisme de 1955 à 1965 pour le Centre Jacques-Berque (UMIFRE basée à Rabat) d’octobre 2021 à avril 2022.
Ces deux recherches – sur les mobilisations panafricanistes actuelles en France et sur le panafricanisme au Maroc dans les années 1950-1960 – l’ont menée à son actuel projet de thèse.
Projet de recherche
Titre de thèse : Le Maroc comme nouvel épicentre de la cause panafricaniste ?
Résumé : La littérature académique sur le panafricanisme peut donner l’impression que cette idéologie renvoie au passé. Or, si le panafricanisme a connu un certain essoufflement à partir de la fin des années 1960, il réémerge « par le bas » depuis les années 1990 et 2000, en prenant une diversité de significations qu’il apparaît nécessaire d’interroger. Cette thèse s’intéresse au panafricanisme tel que mobilisé par des citoyens formant des collectifs associatifs. Il propose d’étudier les mobilisations panafricanistes à partir du Maroc, qui connaît un « renouveau panafricain » depuis les années 1990. Cette thèse repose sur l’idée selon laquelle saisir le panafricanisme depuis la « marge » est fructueux pour mieux cerner les enjeux de cette idéologie. Elle se propose d’explorer l’hypothèse selon laquelle le Maroc, de par son caractère « marginal », joue un rôle important dans l’évolution du mouvement panafricaniste.
Mots clefs : panafricanisme ; mobilisations collectives ; Maghreb ; Maroc
Title : Morocco as the new epicenter of the Pan-Africanist cause ?
Abstract : The academic literature on Pan-Africanism could give the impression that this ideology refers to the past. However, if Pan-Africanism experienced a certain decline from the end of the 1960s onwards, it has re-emerged “from below” since the 1990s and 2000s, taking on a diversity of meanings that it appears necessary to examine. This thesis focuses on Pan-Africanism as mobilized by citizens forming associations. It proposes to study pan-Africanist mobilizations in Morocco, which experiences a “Pan-African renewal” since the 1990s. This thesis is based on the idea that grasping Pan-Africanism from the “margins” is fruitful to better understand the stakes of this ideology. It intends to explore the hypothesis that Morocco, as a “marginal” space, plays an important role in the evolution of the pan-Africanist movement.
Keywords : Pan-Africanism ; collective mobilizations ; Maghreb ; Morocco