Représenter les diasporas dans les arènes de la coopération au développement. Une comparaison franco-italienne

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Qui représente les diasporas dans les arènes de la coopération au développement ? Alors que la promotion de leur présence dans les dynamiques de développement n’a jamais été aussi puissamment défendue par les institutions inter-gouvernementales et nationales de l’aide au développement, cette question revêt aujourd’hui une importance politique majeure.

Pour y répondre, ce projet compare la construction de la représentation des diasporas dans les espaces de gouvernance de la coopération au développement, en France et en Italie. Il interroge la manière par laquelle les individus et les organisations, auto ou hétéro-désignés comme « migrants » ou « de la diaspora » » sont rendus présents, de manière descriptive, symbolique ou substantielle, dans les arènes du développement. En particulier, la recherche met en regard le processus actuel de structuration des acteurs migrants du développement, en Italie, nommé Summit Nazionale delle Diaspore, et la dynamique française des Assises de la coopération et de la solidarité internationale qui, vingt ans auparavant, avait initié la construction d’un cadre de reconnaissance ambigüe de ces acteurs dans l’espace public français. En comparant ces deux cas aux similarités et aux contrastes saisissants, l’enjeu est de rendre compte dans un même mouvement des transformations contemporaines des réseaux diasporiques dans l’espace européen, des rapports de pouvoir qui structurent les espaces politiques transnationaux de la coopération au développement, et de la relation qui les unit.

Au croisement entre étude de la relation entre migrations et développement, sociologie de l’action collective et théories de la représentation politique, ce projet articule trois axes d’enquête : le cadre de la représentation ; les acteurs représentants ; les principes de la représentation. Il adopte une méthode comparative transnationale, entre échelles de l’action publique et militante locales, nationales, régionales, entre lesquelles circulent les rhétoriques de la migration et du développement, comme les outillages développementalistes et bureaucratiques. Le design méthodologique comparatif est exploratoire et séquentiel, croisant méthodes qualitatives et quantitatives.

Claire Vincent-Mory est sociologue, post-doctorante au Centre d’Etudes Européennes et de Politiques Comparées (CEE/CNRS/Sciences-Po), chercheure rattachée au laboratoire Sophiapol et membre de l’Institut Convergences Migrations. Ses recherches portent sur les processus de reconnaissance et de représentation des groupes minorisés dans l’espace public, ainsi que sur l’interrelation entre migrations et développement. Soutenue en 2018, sa thèse a proposé une socio-histoire du cadre de reconnaissance des acteurs « migrants » du développement dans l’espace français de la coopération au développement, depuis 1981.